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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 21:41

EDITORIAL :Les tendances actuelles de la politique du pouvoir Ouattara et les tâches du prolétariat, des masses populaires et des peuples de Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire, notre pays a connu en 2011 une guerre civile réactionnaire qui marquera encore longtemps l’esprit des ivoiriens. D’un côté, les houphouétistes, fortement appuyés et aidés par l’armée impérialiste française, ont défait les refondateurs qui tentaient de s’accrocher par la force à un pouvoir qu’ils avaient perdu après les élections présidentielles de novembre 2010. Le dénouement de cette crise postélectorale est le transfert depuis le 11 avril 2011 date de la chute de Gbagbo Laurent, du pouvoir  des mains d’un clan de hauts bourgeois, les refondateurs, aux mains d’un autre clan, les houphouétistes. Quelle est la situation politique, économique et sociale des 11 mois d’exercice du pouvoir Ouattara? Quelles sont les grandes tendances de sa politique ?

On peut noter au plan politique une tendance à la restriction des libertés, une aggravation de la soumission du pouvoir à l’impérialisme français, mais aussi une insécurité permanente. Au plan économique, il ressort que les efforts de reconstruction sont dépendants de l’accession de la Côte d’Ivoire au point d’achèvement de l’initiative PPTE.

Le manque de liberté, la soumission accrue à l’impérialisme, la persistance de l’insécurité et de la misère sont les traits saillants de la politique de Ouattara, qui appellent du coup les peuples à qui l’on a promis plus de liberté, de démocratie et de bien être social, à de nouvelles batailles en vue d’un vrai changement qui ne peut être que l’œuvre des peuples eux-mêmes. La Rédaction

 

 

Sous Ouattara, les libertés individuelles, syndicales et politiques sont compromises comme au temps de la refondation. Par Kobé Padré

Les peuples de Côte d’Ivoire ont imposé en 1990 à l’autocratie houphouétiste l’instauration des libertés fondamentales, celles de penser et de s’organiser librement en dehors du parti unique. Mais ce fut une demi victoire; en effet, le pouvoir politique est resté encore dans les mains des houphouétistes jusqu’en 1 999 ; cette situation leur a permis de restreindre à nouveau les libertés conquises, de traquer les démocrates et de réprimer toute contestation dans le secret espoir de revenir au parti unique. Le coup d’état de décembre 1 999 par une frange de l’armée, a résonné pour beaucoup d’ivoiriens comme la fin du despotisme. Mais, malgré l’effervescence populaire, les communistes avaient dénoncé ce coup d’Etat et mis en garde les peuples contre cette manière cavalière d’hypothéquer les luttes populaires pour un vrai changement. La suite, on la connait. Aux mains des putschistes, la Côte d’ivoire a reculé de 10 ans. C’est dans cette atmosphère délétère, que les refondateurs ont officiellement remplacé les houphouétistes à la tête de l’Etat néocolonial en 2 000, après des élections qualifiées de calamiteuses par les gagnants eux-mêmes. Une bonne partie des peuples  a mis tout son espoir sur les refondateurs. Mais, comme se comportent tous les hauts bourgeois  pour conserver à tout prix le pouvoir contre les masses populaires ou contre les autres clans de hauts bourgeois, les refondateurs mirent en place une politique répressive et de privation des libertés fondamentales. Ils créèrent ainsi les germes de leur propre chute. Des ivoiriens se sont alors appuyés sur ces frustrations et répressions pour tenter un coup de force le 19 septembre 2002 et abattre le pouvoir des refondateurs. Ce coup d’Etat du 19 septembre 2002, mué en une rébellion soutenue par l’impérialisme français et ses pions en Afrique a  plongé la Côte d’Ivoire dans une crise depuis 10 ans. Pendant ces dix dernières années les ivoiriens ont souffert de l’absence de liberté à l’école, dans les usines, dans les champs, dans les quartiers, dans les villages. C’est sur cette base qu’une bonne partie des ivoiriens a  offert sa poitrine pour une Côte d’Ivoire de liberté, en s’associant à la lutte contre les refondateurs.

Avec la chute de ces derniers et le changement politique intervenu à la tête de l’Etat, au plan des libertés c’est un sentiment de déception qui anime bon nombre d’ivoiriens. L’on note avec amertume une tendance à la restriction des libertés individuelles, syndicales et politiques. Examinons quelques faits et gestes du pouvoir Ouattara qui attestent ces tendances.

Le premier fait à mettre en exergue est l’arrêté anticonstitutionnel du ministre de l’éducation nationale, Kandia Camara. Sous prétexte de lutter contre l’immixtion de la politique à l’école, cet arrêté interdit de fait aux élèves toute activité associative libre. Les seules organisations qu’il autorise sont les comités d’élèves par établissement ; seuls les élèves ayant obtenu plus de 12 de moyenne annuelle sont autorisés à diriger de tels comités. Comme on le voit, Alassane Ouattara, qui a été porté au pouvoir par un électorat qui comprend des jeunes de 18 ans comme le stipule le code électoral, alors que son parti,  le RDR a une organisation scolaire et estudiantine, le MEERCI (Mouvement des Elèves et Etudiants Républicains de Côte d’Ivoire), décide d’interdire le militantisme politique et syndical à l’école. En réalité, le souci premier de ce pouvoir est de museler le mouvement estudiantin et de l’embrigader dans une organisation à sa solde qui aura pour mission d’agir comme le défunt MEECI (Mouvement des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire, section du PDCI RDA en milieu estudiantin) ou comme la FESCI, (Fédération des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire, transformée à partir de 2000, en milice au service du pouvoir FPI).

Quelle est la situation des libertés pour les partis politiques ? A Koumassi, à Port Bouet, à yopougon, des attaques et des agressions en règle ont été organisées contre les meetings du FPI par des militants RDR qui n’ont jamais été arrêtés par les forces de l’ordre et pour cause. Chaque  fois, les scénarios sont les mêmes et les justificatifs produits par la presse proche du gouvernement Ouattara/Soro sont aussi les mêmes. Après multiples tractations, une autorisation est accordée aux organisateurs, autorisation accompagnée de « sages conseils » du ministre de l’intérieur qui exhorte les organisateurs à sursoir à ces manifestations pour raison de sécurité. Le jour de la manifestation, des «individus non identifiés» agressent, blessent tous ceux qui s’aventurent dans les parages, aux yeux et à la barbe des forces de l’ordre. C’est alors la consternation du côté des refondateurs ; du côté des républicains, on accuse les organisateurs d’être des provocateurs, car, au cours de ces manifestations, disent-ils, au lieu de demander pardon aux peuples de Côte d’Ivoire pour les crimes commis, les refondateurs narguent les victimes et osent insulter le président de la république. De telles scènes ne peuvent se produire que dans des pays où l’on refuse la liberté d’expression la plus élémentaire. Si pour de simples meetings, des groupes organisés, semblables aux milices tristement célèbres de la galaxie patriotique, agressent, blessent et tuent, qu’adviendront des manifestations de rue contre le pouvoir?  

Cette tendance à agresser les opposants politiques se trouve renforcée par les exactions à répétition, perpétrées par des éléments des forces républicaines (FRCI) sur les populations qui refusent de se faire racketter ou celles qui osent afficher une opinion politique contraire à celle du pouvoir. Ces faits sont une négation du droit à la libre expression des idées, un abus de pouvoir de la part de ces éléments en armes. 

La restriction des libertés telle qu’observée et décrite ci-dessus fait reculer la Côte d’Ivoire ; cette restriction indique que les pratiques du pouvoir de la refondation demeurent vivaces et fait aussi penser aux périodes du parti unique. Les critiques et récriminations contre ces dérives répressives n’émeuvent pas le pouvoir actuel, sûr qu’il est de sa force de répression et de sa force de propagande pour transformer les agressions en légitime défense de la république et des hommes qui l’incarnent. C’est un défi lancé à la conscience démocratique par le pouvoir Ouattara. Il est urgent que ce défi soit relevé par les intellectuels démocrates, les ouvriers et les paysans, les élèves et étudiants, les hommes épris de liberté et de démocratie. Alors, comme en 1990, reprenons le chemin de la lutte pour les libertés politiques et syndicales, pour la défense des droits humains, pour la défense de la république. Kobé Padré

 

L’insécurité permanente en Côte d’Ivoire entrave la liberté politique, la liberté de produire et alimente les affrontements entre les communautés : Par Andorti l’aigle

 

La question de la sécurité est d’une importance capitale dans une société de droit. Elle l’est encore plus pour des populations qui viennent de vivre le traumatisme de la guerre postélectorale. Il faut noter qu’il y a encore plus de 6 000 réfugiés à Duékoué, plusieurs milliers au Libéria, en Guinée, au Ghana, au Burkina, au Bénin, au Togo, en Europe. Ces personnes refusent de rentrer en Côte d’Ivoire ou de retourner dans leurs villages à cause disent-elles de l’insécurité. Ces personnes ont abandonné champs et emplois, familles et foyers et vivent dans une grande précarité sociale. Même si certaines (une infime minorité) sont des miliciens qui ont participé à des pogroms et ont peur de se retrouver face à la justice, la grande majorité de ces personnes a réellement peur du climat d’insécurité qui règne. Entre les attaques des bandits, les traques des miliciens, les attaques des miliciens et les exactions d’éléments véreux des FRCI, la population ne sait à quel saint se vouer. 

La question de l’insécurité doit être abordée sous tous les angles. D’abord, il faut distinguer l’insécurité du fait des bandits, de l’insécurité du fait des agissements d’éléments «indélicats» FRCI.

L’insécurité du fait des bandits n’a pas baissé. Sortis de prison et reconvertis en FRCI, ces bandits ont écumé les populations pendant la guerre postélectorale. Depuis le début de la restructuration de l’armée, les éléments non éligibles, se servent des armes en leur possession pour voler, braquer sur les routes, attaquer les maisons et les entreprises. Ils sont d’autant plus à l’aise qu’ils ont reçu un minimum de formation militaire qui leur permet d’en imposer aux paisibles populations et même d’affronter les forces armées régulières. En outre, certains sont encore camouflés au sein des FRCI et donnent des renseignements précieux sur les positions des militaires et sur leurs cibles. 

Interpellé sur la gravité de cette situation, le pouvoir Ouattara se défend en brandissant la courbe de l’insécurité qui va selon lui décroissant depuis le 11 avril 2011. SORO, alors premier ministre ne cessait de répéter qu’au Rwanda, il a fallu 17 ans pour arriver à juguler l’insécurité. Mais le fait est que les ivoiriens dans leur majorité estime que l’insécurité reste à un niveau encore très élevé, les attaques de plus en plus bien organisées et meurtrières, de plus en plus étalées sur tout le territoire national. Les paysans ont peur d’être attaqués dans les brousses. Les foyers et les entreprises en ville qui étaient épargnées sont maintenant régulièrement visités par ces malfrats. La question de fond est que les populations ne voient pas les fameux plans de sécurisation en œuvre.

L’autre volet de l’insécurité concerne les agissements des éléments des FRCI. A Divo, à Abengourou, à Ara, à Vavoua, à Sinfra, à Dabou, à Duékoué, à Man, à Séguela, à Bouaké, un peu partout dans toute la Côte d’Ivoire, l’on assiste à des affrontements entre les populations et les FRCI. Malgré les déclarations de Ouattara sur l’encasernement des militaires ou sur sa volonté d’extraire « les brebis galeuses » de leurs rangs, globalement, les forces de sécurité actuelles ne sont pas bien vues au sein de la population que ce soit au nord, au sud, au centre ou à l’ouest. Le pouvoir Ouattara n’a pas encore réussi à faire accepter les FRCI dans certaines régions et dans certaines communautés comme la force de l’ordre au service de toute la population. Lorsque des éléments FRCI considérés comme des forces d’occupation s’adonnent à des exactions, à des rackets, l’on assiste en conséquence à des affrontements avec les populations concernées. Il arrive que ces affrontements qui portent en eux les germes de la crise post électorale, débouchent sur des affrontements intercommunautaires, tribalistes et ou religieux.

Il faut également noter que les affrontements entre les FRCI et la population sont suite à des traques de mercenaires, traques considérées par les refondateurs comme des atteintes à la liberté et aux droits humains. Ces traques sont indispensables pour rendre justice aux victimes de la crise postélectorale. Elles doivent être complétées par l’arrestation de tous ceux qui ont commis des crimes politiques et économiques depuis 2002.

Enfin, la presse des houphouétistes rapporte que dans certaines régions particulièrement à l’ouest, à la frontière libérienne, les mercenaires et autres miliciens attaquent les populations et les détachements militaires afin de créer les conditions pour un coup d’Etat militaire. Ces cas ont été signalés à  Taï, Dabou, Bonon. Vrais ou faux, les coups d’Etat ne sont pas la voie de libération des peuples. C’est plutôt la voie des petits bourgeois impatients qui n’ont pas confiance dans les masses populaires et qui veulent les utiliser pour se faufiler au pouvoir. C’est ce que l’ l’histoire récente de la Côte d’Ivoire nous a enseignés.

Dans tous les cas, la question de l’insécurité est préoccupante. Elle joue sur l’activité de production en particulier la production agricole et le petit commerce interurbain. Elle prolonge les plaies de la crise postélectorale : clivage entre les communautés, les religions. La reprise effective des anciens FDS dans leur fonction initiale d’agents de défense des frontières et d’agents de sécurité intérieure est retardée également. Le pouvoir Ouattara malgré les injonctions faites aux militaires pour l’encasernement des FRCI, malgré les moyens annoncés pour enrayer le grand banditisme, n’a pas réussi à faire reculer l’insécurité ; les ivoiriens sont inquiets et à juste titre; la baisse de l’insécurité brandie par le premier ministre et le ministre de l’intérieur ne rassure pas la grande majorité des citoyens. Du reste, il faut noter que l’insécurité s’est installée en Côte d’Ivoire depuis le début de la crise du système néocolonial dans les années 1980. Tous les pouvoirs successifs ont fait du surplace. La  crise généralisée du système capitaliste mondial avec ses guerres locales en Afrique (Libéria, Sierra Léone, Côte d’Ivoire, Lybie), avec la déstabilisation des pays comme la Guinée, le Mali ont accentué ce phénomène.

Alors, il convient de conclure que la solution à ce mal ne peut être trouvée que dans un système autre que le système néocolonial. L’insécurité ne peut trouver sa solution réelle et durable que par la mobilisation effective des forces de défense d’une nation souveraine, démocratique et moderne, conscientes de leur mission, avec  la participation des peuples (des communautés, des nationalités, de leurs chefs traditionnels), le tout sur une justice non corrompue ; cette politique sécuritaire ne peut pas être mise en place par un pouvoir de hauts bourgeois qui a peur de l’armement des masses populaires ; elle ne peut l’être que par le pouvoir des peuples. Andorti l’Aigle

 

Une reconstruction du tissu économique dépendante du PPTE et  pour laquelle, l’effort principal repose sur les travailleurs: par Mario le prolo

 

La crise aigüe du système néocolonial qui sévit depuis 10 ans en Côte d’Ivoire a été marquée par une destruction massive des unités de production. Dans la zone contrôlée par la rébellion, tout ou presque tout a été démantelé et vendu en pièces détachées. Le cheptel a servi à nourrir les soldats tandis que les forêts classées ont été décimées, les bois vendus aux trafiquants. Les mines d’or exploitées précédemment par des multinationales sont redevenues des exploitations artisanales. Les infrastructures routières n’ont pas connu d’entretien dix années durant. Dans la zone sud contrôlée par les refondateurs, ce fut la fermeture en masse des usines et magasins. Les infrastructures se sont également largement dégradées. Dans toute la Côte d’Ivoire, les activités économiques étaient au ralenti. Les pouvoirs au nord comme au sud ne se préoccupaient que de s’armer et se constituer des trésors de guerre. Le taux de croissance du PIB est demeuré négatif autour de (-4,5%) en moyenne de 203 à 2011. La situation était devenue catastrophique pour le capital financier international et pour les investisseurs nationaux qui ont presque tout perdu, surtout, dans la zone nord et centre. Les travailleurs du public et du privé ont été les plus gros perdants. Les enjeux des élections c’était entre autre la fin de la division de la Côte d’Ivoire en deux, la reprise des activités économiques, la reconstruction du tissu économique.

Aussitôt que quelques lueurs d’espoir pointaient à l’horizon avec les « accords de Ouagadougou », accords qui prévoyaient une sortie rapide de la crise par des élections au plus tard fin 2008, début 2009, le capital financier international avait imposé un programme pour atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE. La mise en œuvre de ce programme PPTE est reprise de plus belle. Ce programme rime avec des coupes drastiques dans les domaines sociaux : blocage des salaires et des embauches, dégraissage de la fonction publique, déréglementation des conditions de travail dans le privé et le public, abandon des investissements dans les domaines de la santé et de l’éducation, etc.  

Concrètement, les grands travaux de réhabilitation, de reconstruction ont commencé. De grands chantiers dans le domaine de l’électricité, de la recherche pétrolière des infrastructures sont en voie de démarrer pour selon les hauts bourgeois combler le retard accusé depuis 10 ans et pour remettre la Côte d’Ivoire sur la voie du développement. Le  dernier budget prévoit une croissance d’au moins 8% en 2012. Comme nos analyses le prévoyaient, la chute des refondateurs et la venue au pouvoir du RHDP permettra une embellie momentanée de l’économie parce que tout a été détruit et abandonné au nord comme au sud. Les puissances impérialistes ont là les moyens de relancer de gros investissements et de renforcer leur domination. Mais cette embellie va-t-elle profiter aux masses populaires ?

Pour l’instant, au plan social, on peut noter une aggravation de la misère en ville comme à la campagne. Le pouvoir d’achat a considérablement baissé du fait de la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité : riz, viande, poisson, gaz, médicaments, etc. Le manque de volonté  politique de réguler les prix au motif que nous sommes dans un pays libéral, l’insécurité dans le transport des marchandises, les rackets sur les routes, sont des freins à la baisse de ces prix.

La mise au chômage technique dans la plupart des sociétés d’Etat, les dégraissages dans les entreprises privées, les destructions du petit commerce au motif de la lutte contre l’insalubrité, ont augmenté sensiblement le nombre de chômeurs. Les salaires en général sont bloqués ou à la baisse. Le premier ministre lors de son entretien avec la presse le lundi 5 mars 2012, a félicité les syndicats jaunes qui appliquent la trêve sociale demandée par le pouvoir. Il faut que les entreprises sortent de la crise,  il faut attendre qu’elles s’enrichissent suffisamment pour penser ensuite aux travailleurs, tel est le crédo du pouvoir et du patronat. Les syndicats jaunes et le patronat viennent de se mettre d’accord sur un SMIG à 60 000 FCFA contre 36 000 précédemment. Cet accord non encore validé par le pouvoir ne peut pas avoir un impact significatif sur la vie des ouvriers tant les prix des denrées de première nécessité ainsi que les prix des loyers ont grimpé. Contrairement aux promesses électorales du candidat Ouattara qui faisait miroiter un volume de 200 000 d’emplois en un an, le pouvoir a décidé de geler tout recrutement à la fonction publique, alors que les besoins sont énormes dans les secteurs de la santé et  de l’éducation. Le recrutement des milliers de diplômés à l’éducation nationale pour un contrat de quatre mois est une manœuvre pour satisfaire les conditionnalités de l’initiative PPTE. Pour le pouvoir Ouattara, la création d’emplois est de la responsabilité du privé à qui il  faut accorder des conditions favorables de développement.

A la campagne, le gouvernement Ouattara a promis d’accroître et de stabiliser les revenus des paysans. Accroître les revenus, c’est supprimer les nombreux prélèvements qui alimentent les caisses noires mises à la disposition des innombrables organisations où patronnent copains et parents des gouvernants. Sur ce point, que ce soit dans la filière café-cacao, anacarde, hévéa ou palmier, on n’a enregistré aucun changement. Les structures des prix sont aussi opaques que sous Gbagbo. Les prélèvements sont restés les mêmes alors que des structures ont été supprimées. Stabiliser les revenus c’est sortir des prix calqués sur les cotations journalières en bourse des prix des matières premières ; c’est sortir du système des prix indicatifs qui fait la part belle aux acheteurs au détriment des paysans; c’est veiller au respect des prix fixés par le gouvernement, c’est sanctionner les acheteurs véreux qui grugent les paysans en achetant en dessous des prix officiels. Sur ce point également l’on constate que les choses n’ont pas changé. Certes, les prix du café et du cacao seront fixes pour la prochaine campagne (2012-2013) selon un communiqué du gouvernement. Mais, au cours de cette année (2011-2012), les acheteurs ont imposé 50% du prix officiel fixé par le gouvernement sans que les pouvoirs publics ne réagissent. L’anacarde s’achète à 150 francs le kg contre un prix officiel de 310 francs Cfa le kg ; le cacao s’achète à 500  francs Cfa le kg contre un prix officiel de 1 000 francs Cfa le kg. Une fois encore, c’est la théorie de la liberté des prix qui règne, théorie libérale au profit des monopoles capitalistes.

On peut donc dire que la reprise économique qui fait l’objet de tant de publicité, est tournée essentiellement pour l’instant vers la satisfaction des exigences des bailleurs de fonds internationaux et des intérêts des monopoles impérialistes agissant en Cote d’Ivoire. Cette embellie crée des illusions au sein des masses populaires mais les retombées au plan social seront faibles. La seule solution pour les ouvriers, les paysans et les autres travailleurs  est la reprise des luttes avec fermeté et abnégation pour défendre le pain et les libertés. Mario le prolo

 

Une tendance accrue de soumission à l’impérialisme français : par Joseph Akré

 

Depuis, le changement à la tête de l’Etat néocolonial, on assiste à d’incessants ballets diplomatiques et à des visites d’hommes d’affaires des puissances dominatrices à Abidjan. Les chinois  et les russes ont normalisé leurs rapports avec le nouveau pouvoir et ont repris leur place dans la compétition entre puissances impérialistes. Les américains et les autres puissances européennes ne s’en laissent pas compter. La France tente de maintenir sa position de leadership. De nouveaux contrats de recherche pétrolière, de construction de centrales électriques, de travaux d’infrastructures, etc. ont été signés. Outre ces contrats qui renforcent la domination impérialiste en particulier française, le pouvoir Ouattara a signé avec les magnats du café et du cacao des accords sans que les paysans en soient informés. Il a également signé des accords militaires avec la France, accords demeurés secrets. 

L’accord de défense et l’accord sur le cacao et le café rentreront en vigueur une fois qu’ils seront ratifiés par le parlement de Côte d’Ivoire. Pour l’instant, les ivoiriens n’ont ni les contenus, ni les termes exacts de ces accords. Le pouvoir d’Alassane Ouattara ne se sent nullement obligé d’informer largement les ivoiriens sur les accords internationaux. Les ivoiriens ont encore en mémoire l’accord de défense signé entre les autorités françaises et Houphouët Boigny en 1961, accord qui servit de base aux différentes interventions de l’armée française dans les affaires  intérieures de la Côte d’Ivoire : 1971 (affaire Guébié), 1993 (installation de Bédié au pouvoir), 2000 (installation de Gbagbo au pouvoir), 2002 (interposition entre la rébellion et l’armée loyaliste), 2004 (destruction de la flotte aérienne ivoirienne), enfin 2011 (participation à la guerre entre clans bourgeois pour la conquête du pourvoir d’Etat). Toutes ces interventions militaires ont permis d’une part, d’aider un clan de hauts bourgeois contre un autre, entraînant la mort et la désolation au sein de la population, d’autre part à garantir les intérêts français.

La défense de la Côte d’Ivoire contre les terroristes, raison évoquée pour la signature d’un tel accord,  n’est que le prétexte pour pérenniser la présence militaire française en Côte d’Ivoire dans le but de protéger et garantir les intérêts impérialistes français. La défense nationale contre les attaques étrangères est une affaire de souveraineté nationale qui doit être gérée intégralement par les pouvoirs politiques ivoiriens, qui doivent s’en donner les moyens matériels et qui doivent s’appuyer sur tous les peuples de Côte d’Ivoire unis autour des valeurs que sont l’égalité entre les nationalités, la liberté, la démocratie, la justice, une politique de sauvegarde et de promotion de la souveraineté nationale. C’est pourquoi le parti communiste a inscrit dans son programme dès sa création en 1990, la rupture des accords de défense avec la France et le départ du 43ème BIMA sans conditions préalables. En outre, la présence militaire ou l’aide militaire des puissances impérialistes n’a jamais épargné les pays des attaques terroristes ; bien au contraire, cette présence et cette aide favorise ces attaques.

Le cacao et le café représentent une part assez importante de l’économie nationale et occupent une frange assez importante de la population pour que les pouvoirs publics s’obligent à organiser une large consultation parmi les premiers concernés, les paysans, avant de signer quelque accord que ce soit.

Les tenants du pouvoir estiment que l’impérialisme français détenant l’essentiel des entreprises modernes, a le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures politiques, économiques, sociales et culturelles ivoiriennes, allant jusqu’aux choix de nos dirigeants. Face à un tel mépris, les peuples de Côte d’Ivoire doivent : dénoncer ces accords, demander au parlement de refuser de les ratifier, dénoncer le fait que le pouvoir Ouattara signe des accords internationaux qui aliènent la souveraineté nationale.Joseph Akré

 

2ème congrès ordinaire de l’AGEECI

 

L’Association générale des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire a brillamment tenu son 2ème congrès ordinaire les 24 et 25 février 2012, congrès au cours duquel, d’importantes résolutions ont été prises pour défendre les libertés, l’école publique et pour poser les revendications qu’induisent les conditions de vie et d’étude actuelles des élèves et étudiants. Nous souhaitons vivement bon succès à la nouvelle direction issue de ce congrès.

Nous reproduisons ci-dessous l’adresse du PCRCI à ce congrès :

 

Adresse du PCRCI au deuxième  congrès ordinaire de l’AGEECI

Mesdames et messieurs

Chers amis journalistes

Chers amis congressistes,

 

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire vous adresse ses salutations les plus chaleureuses. Nous sommes ici pour soutenir la jeunesse scolaire et estudiantine, organisée au sein de l’AGEECI pour la tenue de son deuxième congrès ordinaire. Nous sommes émus de voir que pour la première fois l’AGEECI peut se réunir publiquement sans craindre d’être agressée par les ennemis de la liberté et de la démocratie. Les temps commencent à changer et c’est à l’honneur des combattants pour les libertés et la démocratie, c’est en l’honneur d’Abib Dodo, 1er secrétaire général de la jeunesse de notre parti, assassiné lâchement par des fascistes  bien identifiés, le 23 juin 2004, à la sortie de votre congrès constitutif. C’est en l’honneur de tous ceux qui ici présents ont encore les stigmates des agressions, des tortures. Les temps commencent à changer mais il faut redoubler de vigilance, il faut décupler vos efforts pour la lutte pour les libertés et la démocratie  dans votre secteur, car le serpent n’est pas encore mort. Les ennemis de la démocratie et des libertés ont la peau dure mais ils seront vaincus, quoi qu’il arrive, par votre mobilisation.

L’école ivoirienne est malade, très malade. Elle est malade du manque de liberté, elle est malade de la mauvaise gestion ; elle est abandonnée par les gouvernants  qui ne cessent pourtant de clamer haut et fort que la jeunesse est la priorité des priorités. Que faut-il faire ?  Certains des vôtres  (élèves et étudiants), effrayés par les nouvelles menaces sur les libertés dans votre secteur,  ont choisi  de se tenir à l’écart de toute lutte syndicale ; d’autres ont entonné la chanson déjà connue : il faut laisser le pouvoir gouverner ; il faut bannir le syndicalisme de l’école ; comme si le syndicalisme peut empêcher de gouverner ; comme si le mal dont souffre l’école ivoirienne c’est le syndicalisme ; il ne serait pas étonnant de voir ces personnes de reprendre la guerre des machettes pour empêcher toute lutte syndicale. Vous, vous avez choisi de vous mobiliser, d’apporter votre modeste contribution à la réflexion, aux actions, aux orientations qui devront contribuer à diagnostiquer et soigner l’école malade. Vous avez raison d’agir ainsi car personne ne viendra  sauver l’école à la place des élèves, des parents d’élèves, des professeurs. Vous avez mille fois raison de vouloir sauver l’école malade parce qu’il n ya pas d’autre issue en votre faveur. Il faut sauver cette école pour espérer ouvrir des horizons heureux pour la Côte d’Ivoire de demain, une Côte d’Ivoire moderne, démocratique et souveraine, prête à faire face aux aspirations d’une jeunesse consciente.

Que votre congrès montre encore une fois que vous êtes à l’avant-garde du mouvement estudiantin, que vous aimez votre pays, que vous vous souciez des conditions d’étude et de vie de la grande masse des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire.

Le PCRCI restera toujours fidèle à sa ligne politique, celle de  soutenir tous ceux qui osent lutter pour leur émancipation et leur liberté, celle de vous soutenir dans votre lutte.

 

Vive le deuxième congrès ordinaire de l’AGEECI

Vive l’AGEECI pour une école nouvelle en Côte d’Ivoire

 

 

 

 

 

Sommaire :

1-       Une restriction drastique des libertés individuelles, syndicales et politiques : page 2 et 3

2-       Une insécurité permanente qui entrave la liberté de produire et alimente les affrontements entre les communautés : page 3, 4

3-       Une reconstruction du tissus économique dépendante du PPTE, d’où une aggravation de la misère des masses populaires : page 4, 5, 6

4-       Une tendance accrue de soumission à l’impérialisme français : page 6,7

5-       2ème Congrès ordinaire de l’AGEECI, adresse du PCRCI : page 7, 8

 Dans votre prochain numéro :

Nouveau Gouvernement et nouvelle Assemblée Nationale! Quelle analyse ?

Le front social se réveille : Médecins, infirmiers, sages femmes, enseignants du privé, en grève

Mali : une rébellion s’installe

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